Le paysage de l’industrie automobile se transforme radicalement à l’aube de 2040, marqué par l’ascension fulgurante des acteurs chinois. La domination de la Chine perturbe les hiérarchies établies, tout en soulevant des défis inédits pour les constructeurs européens. L’analytique de Roland Berger met en exergue un fait marquant : le marché mondial des automobiles évolue vers une polarisation inédite, où les ventes en Chine et dans le Sud global dominent.
Un autre enjeu majeur réside dans la transition énergétique. Les véhicules électriques s’imposent comme l’avenir incontournable, représentant une part de marché qui pourrait atteindre jusqu’à 70 % d’ici 2040. Cette évolution accélérée convertit les chaînes de valeur traditionnelles, redéfinissant ainsi le rôle des équipementiers et des constructeurs établis. Les acteurs européens, confrontés à ces bouleversements, sont appelés à réagir avec une agilité sans précédent.
Au cœur de cette dynamique, les marques occidentales doivent naviguer avec soin pour conserver leur pertinence. La renaissance de l’industrie automobile en Europe s’avère possible, mais nécessite des stratégies audacieuses face à une compétition grandissante. L’analyse des tendances émergentes expose des avenues prometteuses, tout en mettant en lumière les ajustements nécessaires pour éviter l’effacement. Dans ce contexte, déchiffrer les perspectives d’avenir devient essentiel pour saisir les opportunités qui se présentent à l’horizon du marché automobile mondial.
Faits saillants
- L’industrie automobile mondiale subit une transformation rapide due à des tendances régionales.
- La Chine devrait représenter 60% du marché global d’ici 2040, avec une forte augmentation des ventes de véhicules.
- Les marchés occidentaux ont atteint le pic automobile, avec des ventes stagnantes ou en léger déclin.
- La croissance des nouveaux véhicules sera de 1,1% par an à l’échelle mondiale jusqu’en 2040.
- La transition électrique est inéluctable, avec 70% des nouveaux véhicules étant des véhicules électriques à batterie (BEVs) d’ici 2040.
- La connectivité croissante des véhicules transforme les chaînes de valeur et les modèles économiques.
- Les OEM chinois pourraient dominer le marché en 2040, tandis que les OEM occidentaux doivent mieux s’adapter.
- Des opportunités subsistent pour les fabricants européens qui s’engagent à innover et répondre à la demande croissante.
- Les rapports indiquent une baisse du nombre de fournisseurs européens parmi les 20 premiers mondiaux, au profit des fournisseurs chinois.
Une transformation globale de l’industrie automobile
La période actuelle est marquée par une disruption majeure qui redéfinit l’ensemble du secteur automobile. Selon l’étude « Automotive Outlook 2040 » réalisée par Roland Berger, les changements attendus d’ici 2040 sont aux antipodes des tendances observées pendant les deux dernières décennies. Cette étude souligne que les volumes de ventes seront très largement dominés par les marchés du Sud global, notamment en Chine, où les ventes de véhicules devraient constituer environ 60 % du marché mondial d’ici 2040. Les marchés occidentaux, quant à eux, ont déjà touché leur « pic automobile » en matière de ventes de nouveaux véhicules.
Une dualité des marchés : stagnation en Occident, essor en Chine
La stagnation prévue des marchés européens, américains et canadiens en termes de ventes de véhicules ne doit pas occulter les perspectives de croissance ailleurs. La prévision de Roland Berger estime un potentiel de croissance absolue de 520 milliards d’euros pour ces marchés d’ici 2040, tandis que la Chine pourrait connaître une augmentation des inscriptions de nouveaux véhicules de 1.2% par an, représentant environ 590 milliards d’euros de revenus supplémentaires. Les marchés indiens, latinos-américains et du Sud global afficheront également des croissances soutenues, bien que la part de ces marchés dans le total mondial ne dépassera que 20% d’ici 2040.
L’électrification du parc automobile : une tendance irréversible
L’électrification constitue un autre élément majeur de la transformation de l’industrie. Malgré une réticence des consommateurs dans certains pays, les experts prévoient que d’ici 2040, jusqu’à 70 % des véhicules neufs vendus dans le monde seront des véhicules entièrement électriques. La dynamique de l’électrification varie selon les régions : l’Europe est attendue à un taux d’électrification proche de 99 % dans les nouvelles immatriculations, tandis que la Chine affichera un taux entre 70 à 85 % au même horizon.
Évolution des chaînes de valeur
Le processus d’électrification modifie les rapports de forces au sein de la chaîne de valeur automobile. Les composants pour moteurs à combustion interne déclinent, tandis que les systèmes de batteries et de groupements motopropulseurs pour véhicules électriques prennent une place prépondérante. Ce rééquilibrage des composants aura des répercussions sur le chiffre d’affaires des fournisseurs, qui devrait croître de 3.4 % par an jusqu’en 2040.
Les nouvelles avenues d’affaires et la connectivité
Un autre aspect fondamental est la connectivité croissante au sein des véhicules. Vers 2040, presque l’ensemble des nouveaux véhicules sera conçu autour du concept de véhicule défini par logiciel (Software Defined Vehicle – SDV). Cette transformation créera non seulement de nouveaux modèles économiques, mais renforcera également la compétition entre les fabricants de logiciels et de matériel.
Compétition intense : la montée en puissance des fabricants chinois
La concurrence devient particulièrement aigüe entre les marques établies et les nouveaux acteurs chinois. L’analyse de Roland Berger envisage deux scénarios possibles d’ici 2040. Dans le premier, les OEM chinois domineraient à l’échelle mondiale, capturant 70 à 75 % de la part du marché chinois et entre 15 à 20 % en Europe. Le second scénario apparaît plus optimiste pour les OEM occidentaux, leur permettant de préserver une part significative du marché et d’innover pour rester compétitifs.
Stratégies de renaissance pour l’Europe
Face aux défis croissants, les constructeurs européens doivent adopter des stratégies radicales, telles que l’utilisation de plateformes matérielles et logicielles standardisées. Améliorer l’efficacité et optimiser les coûts apparaissent comme des priorités. Les investissements dans la technologie, alliés à une bonne image de marque et à des réseaux de production solides, pourront favoriser une renaissance sur le marché européen.
Les impacts de la politique sur le marché automobile
Les décisions politiques influencent la dynamique du marché automobile. Avec les revendications sur le mandat des véhicules électriques aux États-Unis et en Europe, la transition vers une mobilité durable est accélérée. Les discussions autour des subventions et des taxes sur les importations représentent un enjeu majeur pour les fabricants européens face à la montée en puissance des produits asiatiques.
Les préoccupations environnementales et l’industrie automobile
Les normes environnementales, en particulier les objectifs de réduction des émissions, prennent une importance prépondérante. Les constructeurs doivent non seulement répondre aux attentes des régulateurs, mais aussi s’aligner sur les aspirations croissantes des consommateurs pour des solutions durables. L’émergence d’un marché pour les véhicules électriques, couplée à la nécessité d’adopter un modèle économique circulaire, incite les Européens à intégrer ces stratégies dès maintenant.
Visions d’avenir
La projection vers 2040 esquisse un paysage automobile en transition rapide, où la Chine s’impose comme un acteur incontournable. Les acteurs historiques de l’industrie européenne ont encore l’opportunité d’inverser la tendance du déclin. Les défis sont nombreux, mais l’adaptation et l’innovation demeurent des leviers essentiels pour se réinventer face à une compétition mondiale féroce.
Perspectives 2040 de Roland Berger sur l’Automobile
Axe d’analyse | Caractéristiques |
Part de marché en 2040 | Chine : 70-75%, Europe : 15-20%, Amérique du Nord : 5-10% |
Croissance relative | Chine (+1,2% par an), Europe stagnante, USA sous pression |
Véhicules électriques | 70% des ventes mondiales, EU à 99%, Chine à 85% |
Ajustement des chaines d’approvisionnement | Déclin des moteurs thermiques, montée des batteries et EV composants |
Changement de valeur ajoutée | Importance croissante du logiciel par rapport au matériel |
Rôle des fournisseurs | Chine : augmentation, Europe : baisse des fournisseurs dans le top 20 |
Scénarios futurs | Scénario pessimiste : domination chinoise, scénario optimiste : opportunités pour l’EU |
Investissements technologiques | Ouest : besoin d’innovation et d’efficacité, attention à la standardisation |
Électrification régionale | Europe vers une électrification totale en 10 ans, vitesses variées |