« Les gens pensaient que nous aimions être touchés et attrapés » : Un ancien modèle d’Abercrombie se remémore les heures sombres de la marque

Le récit troublant d’un ancien modèle d’Abercrombie met en lumière les pratiques controversées d’une époque révolue et pourtant omniprésente dans les mémoires. Les abus et diverses formes d’exploitation s’infiltraient dans le quotidien des jeunes travailleurs. Ces expériences vécues révèlent les dérives d’un univers considéré glamour, mais où le consentement et la dignité des individus étaient souvent bafoués.

Au cœur de cette réflexion, un jeune homme navigue, entre éblouissement et désillusion, dans un univers façonné par des normes de beauté déformées. Les heures sombres d’Abercrombie ne se limitent pas à une simple histoire de mode ; elles incarnent un problème sociétal plus vaste, exposant le traitement inéquitable des modèles, souvent réduits à de simples objets de désir. Loin de la légèreté de la représentation esthétique, ce témoignage confrontant démontre les réalités moroses d’une industrie séduisante mais impitoyable.

À travers les souvenirs d’un homme qui a vécu ces situations, la narration s’articule autour de questions profondes et dérangeantes. Qu’implique réellement être modèle dans un cadre commercial où le respect personnel s’estompe ? L’articulation complexe entre consentement et perception publique se dessine, tout en mettant en exergue le besoin urgent d’obtenir une reconnaissance des droits fondamentaux des travailleurs dans le secteur de la mode.

Ce partage d’expérience résonne comme un appel à la prise de conscience collective. Les entreprises doivent enfin assumer leurs responsabilités vis-à-vis du bien-être de leurs employés, errant entre les idéaux esthétiques et les réalités souvent difficiles. Un débat essentiel émerge, mettant en lumière les exigences scrutatrices d’un public à demeure attiré par la superficialité tout en avançant vers un avenir plus éthique et inclusif.

Faits saillants

  • Kai Braden a travaillé chez Abercrombie & Fitch en tant que modèle dans un environnement hypersexualisé.
  • Les modèles de la marque étaient souvent traités comme objets, notamment lors de leur accueil des clients.
  • Braden se sentait comme le token asiatique, conscient de la discrimination au sein de l’équipe.
  • Les pratiques de recrutement de la marque ont été critiquées et ont conduit à des procédures judiciaires.
  • Les employés ont parfois subi des attouchements non consensuels, sans formation pour y faire face.
  • Braden a aimé travailler à Abercrombie pour l’expérience et le revenu, mais il a remarqué des abus systématiques.
  • Sa prise de conscience a mené à une advocacy pour des protections des travailleurs de la mode à New York.
  • Le Fashion Workers Act vise à offrir des protections essentielles aux modèles, une première étape vers des réformes.
  • Abercrombie a évolué, abandonnant ses méthodes de marketing sexuel pour une image plus classique.

Un début pour le moins déconcertant

Le premier jour de travail de Kai Braden chez Abercrombie & Fitch, en 2006, s’est révélé emblématique des dérives de l’industrie de la mode. Les responsables de la boutique l’ont installé devant une vidéo d’intégration où une série de clips corporatifs montrait de jeunes hommes en train de s’amuser dans des champs, souvent torse nu. Braden s’interrogeait sur la pertinence de ce contenu par rapport à ses futures responsabilités professionnelles, telles que l’accueil des clients ou la gestion de la caisse.

Une image de marque hypersexualisée

Abercrombie, durant cette époque, cultivait une atmosphère hypersexualisée. L’expérience d’achat devenait un véritable assaut sensoriel, entre musique de club, éclairage tamisé et parfums pénétrants. En tant que « modèle », nom attribué aux employés, Braden percevait déjà les nuances de status implicites au sein de l’entreprise.

Un rôle plus que simplement commercial

Au-delà des interactions quotidiennes avec les clients, Braden se voyait assigné à une fonction particulière : séduire la clientèle par son apparence physique, affichant ses abdominaux sculptés et son sourire éclatant. En tant que jeune homme de 18 ans, ce rôle le plaçait au centre d’une dynamique commerciale innovante, mais déroutante.

La discrimination au sein de l’équipe

Braden, de race mixte, se sentait souvent considéré comme le « token asiatique », une représentation bizarre au sein d’une équipe majoritairement blanched. Le traitement des employés non-blancs était non seulement inéquitable mais également gênant, la plupart étant relégués à l’arrière du magasin. Cette atmosphère exaltait le manque de diversité tout en revanche reflétant des pratiques de recrutement biaisées.

Une rémunération dérisoire

Braden était payé 100 dollars pour une journée de quatre heures, une somme attrayante pour un adolescent. Ce montant paraissait bien plus que de simples frais de travail ; il devenait le symbole d’une expérience plaisir associée à la marque. Les comportements des clients, par contre, pouvaient devenir déplacés et inconfortables.

Le malaise des attaques physiques

Aucun protocole ne préparait les employés à gérer les touches non consenties. Braden se remémore une gêne palpable lorsque des clients l’attrapaient par la taille, confondant son rôle de modèle avec un acquiescement tacite à des comportements inappropriés. Les normes de décence semblaient irrémédiablement altérées dans ce décor de consommation.

Une prise de conscience tardive

Malgré sa compréhension instinctive que le traitement des modèles était problématique, Braden, jeune et inexpérimenté, ne se sentait pas en position de contester cette dynamique. À ce moment, refuser une opportunité se serait révélé comme un acte de défi, créant en lui un dilemme moral déstabilisant.

Un parcours vers l’avenir

Au fil des années, Braden a quitté Abercrombie pour s’orienter vers l’acteur, apparaissant dans des émissions de télévision telles que Magnum PI et Orange Is the New Black. En parallèle, la marque a connu une transformation significative, bannissant les techniques de marketing sexualisées et dépassant les pratiques dépassées d’une ère révolue.

Les retombées persistantes

Des décennies après, les répercussions des comportements douteux d’Abercrombie continuent de créer des vagues, notamment à travers des accusations de harcèlement sexuel portées contre des figures notables de la direction. Braden a exprimé sa surprise face à ce que ces révélations prennent autant de temps à émerger. Au regard du mouvement #MeToo, il s’interroge sur la perception sociétale des violences masculines.

La voix d’un changement

En 2018, Braden a partagé une expérience de surpressement lors d’une séance photo qui n’était pas liée à Abercrombie. Ce récit l’a mené à collaborer avec la Model Alliance, luttant pour des droits plus justes au sein de l’industrie de la mode. Son engagement s’est intensifié avec l’adoption de lois visant à protéger les modèles contre les abus, établissant des normes fondamentales de sécurité au travail.

Un futur à bâtir

Tout au long de cette épreuve, Braden n’a pas renoncé à l’idée que des poursuites en justice peuvent catalyser un changement. En générant des réflexions sur les injustices vécues, il espère promouvoir une communauté plus consciente et résiliente, transformant ainsi l’histoire de l’industrie de la mode et la perception de son public.

Comparaison des expériences de travail chez Abercrombie

Aspects Détails
Environnement de travail Hypersexualisé, musique forte et ambiance de club
Rôle des modèles Accueil de clients, souvent en étant torse nu
Pression sociale Attraction pour certains clients, comportement inapproprié
Discrimination Minorités souvent écartées des interactions avec les clients
Absence de formation Aucune formation sur le toucher non consenti
Rémunération Avoir un salaire de 100$ pour une durée de quatre heures
Impact à long terme Contributions à des lois de protection des droits des modèles
Évolution de la marque Changement de stratégie marketing et image de marque